& le temps court. S'envole. ♦ Lenno & Kaya

Chants : 776 Arrivé(e) le : 20/07/2014 Avatar : Kaya Scodelario Age : 26

Lenno & Kaya.

Et je ferme la porte avec violence. J'ai des larmes sur les joues, une boule dans la gorge mais je brûle de colère plus que de tristesse. Avant, lorsque Cami me mal traitait oui, j'étais envahie par la tristesse. Un peu de désespoir aussi. Mais aujourd'hui la rage prend le pas sur tout le reste. Pas parce qu'il me fait souffrir, ça, je m'y suis faite. Mais parce qu'il fait souffrir maman, papa, Jolan et puis lui-même. Il se tue à petit feu et se prive des bons moments qu'il pourrait partager avec sa famille. Et ça me tue. Me dégoûte. J'envois valser un tas de bouquins par terre. J'ouvre la fenêtre, cherche de l'air, de la liberté. Du vent. Il s'engouffre dans la pièce, dans mes cheveux, dans ma tête et m'offre un peu de paix. J'entends Guyapi qui m'appelle en dessous de la fenêtre, depuis le jardin. Je me penche, lui sourire, lui murmure des mots doux. Et puis je décide de le rejoindre. Le temps n'est pas idéal mais j'ai besoin de me changer les idées. Troquant ma robe contre un jean noir et un débardeur bordeaux j'attache mes cheveux pour qu'ils ne me gênent pas, balancés par le vent. J'enfile une paire de bottines, il a plut hier. Et je sors. Je fais le tour de la maison mais mon cocker est introuvable. Je m'enfonce un peu dans la propriété, je sais qu'il aime se rouler en boule dans les bottes de foins destinées aux chevaux. Je ne le trouve pas. Je crie son nom. Il ne vient pas. Je ne m'inquiète pas. C'est une petite bête. Fragile. Insignifiante diraient certains. Mais je sais qu'il cache quelque chose. Un caractère fougueux. Une âme d'aventurier. Un lien avec les esprits? Je me suis trop souvent posé cette question et j'ai finis par accepter le fait que j'aurais une réponse en temps voulu. Comme souvent avec les esprits. C'est un prix à payer pour avoir des réponses. La patience. Un peu comme avec mon frère j'en suis certaine. A force de faire des efforts avec lui, il finira par comprendre qu'il ne peut continuer de s'isoler et à se bousiller. J'espère. Patience. Perdue dans mes pensées je me suis avancée jusqu'au banc qui donne sur les montagnes. Ce paysage me fascine. Depuis que je suis gamine je passe des heures assise sur ce banc. Mon sanctuaire. Il est à la fois proche de la maison, ce ranch dont je ne saurais me séparer, ce ranch où j'ai grandi et auquel le moindre de mes souvenirs est associé pour une raison ou une autre. Et ce banc est tout aussi reclus, perdu, isolé, abandonné à la nature et à ses caprices. Je l'aime mon petit banc et c'est plus qu'une question d'isolement. C'est une question de magie. Je m'assois, Guyapi m'était complètement sorti de la tête mais maintenant que je suis bien installée, les montagnes et la forêt à perte de vue, je n'ai plus trop envie de partir à sa recherche. Alors je me contente de l’appeler. Je trouve que son nom sonne bien. Guyapi. Franc. L'animal est toujours plus franc, plus sincère que les hommes. C'est pour ça que j'aime son nom. Pour ça que je l'aime lui, parce que depuis cinq ans que nous vivons sous le même toit il m'est resté fidèle à chaque instant. Et puis il m'écoute. S'il ne me comprend pas, au moins il m'écoute.

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Il avançait. Là, dans les chemins devenus terre, ses pieds heurtant parfois des pierres. Il avançait, les mains dans les poches, les cheveux au vent. Il ne faisait pas un temps superbe aujourd’hui. Mais, d’un autre côté, il s’en fichait. Il venait là, il ne savait pas trop pourquoi en fait. Il s’était, encore, énervé avec son père. Encore des cris. Encore ces envies de hurler, de pleurer. De dire la colère qui le rongeait. Oui. Mais, il avait arrêté. Il continuait juste de crier. Se contentant d’être seul. Sans un mot, sans une parole. Il se sentait tellement déplacé dans ce décor. Malgré les touristes et ces cons. Cons de prometteurs, cons d’architectes et autres. Oué, en fait, il ressemblait bien plus à ces connards qu’à eux. Sa famille, son endroit.

Un soupire se glissa entre ses lèvres. Continuant d’avancer là, sur ce chemin qui menait tout droit au ranch. Pour aller voir Cami ? Peut-être, surement. Où cela était peut-être qu’une excuse. Une excuse pour trouver son reflet. Cet être si mal. Surement bien plus que lui. Et pourtant, parfois, il trouvait qu’il lui ressemblait, un peu, beaucoup.

La propriété apparaissait peu à peu. Droit devant lui. Il la trouvait jolie. En fait, cet endroit était reposant. Ce n’était pas son préféré, non. Lui, ce qu’il préférait, c’était la forêt, si belle, si douce. Il aimait y passer des heures à marcher sans but. Un jour, il s’y était perdu. Enfant terrorisé, enfant en larme. Il avait fui la maison. C’était quelques temps après son agression. Après que cette femme ait essayé de le tuer. Un frisson lui parcourut le dos alors qu’il passait au même moment les barrières du ranch. Se dirigeant simplement vers la porte, d’un pas un peu trop lent, d’un pas un peu trop doux. Mais, il n’était pas certain de ce qu’il faisait là.

Jusqu’à ce qu’il sente une boule de poil lui sauter dessus, le faisant sursauter, lui tirant même un sourire. Un chien. Il les adorait, il avait toujours voulu en avoir un. De chien. Doucement, lâchant un rire, il se pencha, pour le caresser, lui faire la fête. Il avait l’air gentil et, c’était le cas. Alors, un peu fou, il lui attrapa rapidement un bâton, lui lançant au hasard. Jouant. Finalement, c’était peut-être ça qu’il était venu chercher. Un oubli. Pour oublier sa peine, pour oublier les cris. Pour oublier le visage blessé de son paternel. Oui, peut-être était-ce ça. Alors, il lançait, rapportait, recommençait. Sans fin. Enfin, presque. Car, à un moment donné, le bâton parti un peu trop loin. Là où il ne le voyait pas. Et, le chien ne comprit pas non plus. Alors, en voyant ses yeux larmoyant de cocker, il s’était mis à la recherche du fameux bâton. Ne s’attendant surement pas à tomber sur quelqu’un. Non.

« Hey ! Regarde, je l’ai trouvé ! » Mais, le chien ne le regarda pas. Non, il se glissa à ses côtés, droit derrière lui. Et, ce n’est qu’à cet instant qu’il l’entendit. Des bruits humains. Oh, merde. Hésitant, il se retourna. Croisant le regard d’une jeune fille. Une…ses sourcils se froncèrent. Il y avait une adolescente ici ? La sœur de Cami…la…Oh était-ce ? Il se racla la gorge. « Oh, bonjour. C’est t…votre chien ? »

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Lenno & Kaya.

Il y a les neiges éternelles, les montagnes, quelques chalets perdus sur leurs flancs, la forêt à leurs pieds, une vallée verte, une vallée de sapins à perte de vue. Aux environs de noël, mon grand-père m'emmenait en foret et me demandait de choisir l'arbre qui décorerait le salon durant la période de fêtes. C'était ma mission à moi tandis que Cami se chargeait de la décoration & Jolan du repas. Une fête bien familiale. Avant. Aujourd'hui ma famille me semblait éclatée. Comme si grand-père avait été le ciment et qu’aujourd’hui qu'il était mort, des fissures commençaient à se créer. Les fondations pourrissent. Je suis sortie pour me changer les idées, pour oublier les remarques désobligeantes de mon grand-frère et la façon qu'il a de tout gâcher, et je me retrouve malgré tout en train de méditer les soucis de la famille Frye. Je ne devrais pas. Je ramasse quelques cailloux par terre et les observe un à un. Avant de les balancer dans le ravin qui se dessine en face de moi, le ranch étant posté dans les hauteurs de la ville. Avec chaque pierre je chuchote un mal. Je jette la maladie de cami, je jette l'amour de Jolan et mon meilleur ami, je jette ma solitude, je jette le décès de grand-père. Je jette mon incapacité à exprimer mes sentiments. Parce que peut-être que sans elle, d'autres de mes maux seraient moins durs à vivre. Peut-être même seraient-ils inexistants. Peut-être que si j'avais avoué à mon meilleur ami que je voulais plus que de l'amitié entre nous, peut-être que si j'avais fait cela suffisamment tôt, eh bien peut-être ne serait-il pas le bel amant de mon frère. Peut-être que si je parvenais à dire à Cami que je l'aime plutôt que de le bouder en insistant pour qu'il fasse des efforts pour maman et papa, peut-être qu'il pourrait enfin les faire, comprenant qu'on tient à lui. Je ne sais pas. J'ai toujours du mal à trouver réponses à mes interrogations de toute manière.

Guyapi!

Mon petit cocker saute sur le banc et se frotte contre mon bras tandis que je cherche à calmer sa fougue pour le poser sur mes genoux. Mais le jeune chien ressaute par terre et s'enfonce un peu entre les arbres. Il gémit, aboi doucement et...reçoit une réponse. Une voix masculine lui répond. Je l'ai trouvé? De quoi parle-t-il? Intriguée je me penche et reconnait un jeune homme. Un certain Lenno si mes souvenirs sont corrects. Le gamin dans la cour de récré qui reste seul et qui s'en porte mieux. Le gamin rejeté pour une raison x ou y que je n'étais jamais parvenue à définir. Je ne m’intéressait pas trop à ce genre d'histoires à vrai dire, je craignais toujours d'être effrayée ou questionnée. Les deux n'auraient pas fait bonne figure. Et j'avais déjà suffisamment de mal à me faire passer pour une jeune fille normale que pour risquer de tout foutre en l'air. Alors je ne posais pas de question. Je faisais de mon mieux pour m'entendre avec tout le monde mais je ne liais pas véritablement de lien. Je n'en avais pas besoin puisque je savais qu'en rentrant j'aurais Cami, Jolan et mon meilleur ami. Aujourd'hui je regrette un peu de ne pas avoir fait d'efforts à l'époque car aujourd'hui que ces trois hommes de ma vie ont empruntés des chemins qui les éloignent de moi, je me trouve bien seule. L’intrus me pousse à abandonner mes réflexions en me demandant si le joli petit cocker avec qui il jouait vu le bâton qu'il tient en main, est le mien. J'abandonne mes rêveries et lui offre un sourire.

Oui oui c'est le mien, Guyapi qu'il se nomme! Ça veut dire franc et ça lui va bien parce que les chiens sont toujours plus sincères que les hommes!

Et je détourne le regard. Je me sens un peu bête de lui avoir dit cela. Timide? Je ne sais pas. C'est Cami qui dit que je le suis, qui le répète jusqu'à ce que ça rentre bien dans mon crâne. Je crois surtout que j'ai du mal à assumer ce que je dis, ça sonne toujours moins bien que dans ma tête. Petite je me demandais si c'était une maladie. J'en avais parlé à mon héro de grand-frère...qui m'avait bien fait comprendre que j'étais juste folle et qu'on ne pouvait pas soigner ce genre de maux. J'avais beaucoup pleuré lorsqu'il m'avait annoncé cette triste nouvelle. A présent que j'ai grandi je met ça sur le compte de ma maladresse légendaire. Je vexe sans le vouloir et à force cela me donne envie de me taire. Mais je parle malgré tout parce que j'ai parfois l'impression que ne pas parler rend les choses encore plus complexes.

Tu es le petit garçon qui voulait pas que je lui parle pas vrai?finis-je par demander dans l'espoir de faire oublier ma précédente intervention.

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C'est un peu idiot qu'il se sentit en la remarquant. Jeune demoiselle assise sur un banc. Le chien ayant l'air heureux en la voyant. Était-ce sa maitresse ? Surement. Mais, en tout cas, ce qu'il savait, c'est que cette jeune femme, lui disait quelque chose. Il était presque sûr qu'elle était cette enfant, aperçue des années auparavant dans une cour d'école. Celle qui avait voulu être son amie. Celle qu'il avait repoussé un peu méchamment. Pour ne pas la blesser plus tard. Pour ne pas que les autres enfants l'ignore. Il avait mieux fallu ça qu'autre chose. Doucement, son regard se glissa sur le chien. Guyapi. Oui, il savait ce que ça voulait dire. Mais, il ne lui en fit pas par, cela était inutile finalement. Qu'est-ce que ça changerait ?

Mais en tout cas, il est surprit de la voir si grande. Il ne s’était pas aperçut que la vie était autant passée. Et puis, ces mots. Plus sincère que les hommes. Elle n’avait surement pas tort. Finalement, un chien c’est totalement fidèle. Toujours là pour son maître, mourant même, parfois à leur côté. Qu’un homme. Ça trahissait, ça tuait, ça blessait. Oui, elle n’avait surement pas tort. Doucement, un semblant de sourire se glisse sur ses lèvres alors qu’il était là à la fixer, gênée. Mais, n’était-il pas aussi gêné ? Surement. Surtout dans cette posture un peu idiote qu’il continuait à tenir. Là, debout, droit comme un I, le bâton toujours dans ses mains. Peut-être pourrait-il le lancer à nouveau. Histoire de faire quelque chose. Oui, peut-être mais, il ne savait pas trop s’il pouvait finalement. Alors, il resta-là, les bras ballant.

Jusqu’à ce qu’elle parle à nouveau, le faisant un peu sursauter, rougir ? Peut-être un peu aussi, oui. Elle l’avait reconnu. Et, pour dire vrai, il se sentait un peu con pour le coup. Lui qui aurait cru qu’elle aurait oublié. Finalement, ils étaient si jeunes à l’époque. Doucement, il glissa sa main libre dans sa nuque, la fixant. Elle était jolie, pour une fille. « Euhm…oué, c’est moi. J’aurais pensé, que tu aurais oublié ! » Il aurait pu rire, mais, il riait très peu alors, il se contenta de ça. Ne sachant pas vraiment quoi rajouter finalement. Et puis, il n’était pas du genre très bavard alors. Pourquoi dire autre chose. Qu’il était désolé ? Non, ce n’était pas le cas. Donc… Doucement, il se décida finalement à lancer à nouveau le bâton après avoir attiré le petit cocker à lui. Pour lui faire comprendre son attention. « J’adore les chiens. » Juste histoire de ne pas plomber toute l’ambiance. Juste histoire de ne pas laisser un silence lourd s’installer. Oui, juste pour ça.

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Lenno & Kaya.

Je n'ai plus trop l'habitude de rencontrer des gens. Je vis à Blackfeet depuis 19 ans. Bientôt 20. C'est une petite ville, je connais déjà beaucoup de monde. Je connais ceux que j'ai envie de connaitre. Les autres eh bien je me dis que si l'on ne se connait pas et qu'on vit bien comme ça, c'est qu'il n'y a pas de raison de se rencontrer. Et puis je m'étonne d'être seule. Mon regard se perd dans le vague. Dans le brouillard sur les hauteurs. Au loin. Je n'ai plus trop l'habitude de rencontrer des gens. Me présenter. Poser des questions banales mais à la fois intéressantes, pas trop indiscrètes mais pas trop ennuyeuses. Se laisser juger. Une première fois. Par un inconnu. Je suis soulagée de connaitre un peu le garçon qui se trouve devant moi. Enfin, garçon. Plus vraiment. Le jeune homme. Je ne le connais pas vraiment mais au moins je n'ai pas peur qu'il me juge, il l'a déjà fait il y a dix ans de cela. Ou presque. Je n'ai qu'un souvenir vague de cette époque. Quoi qu'il en soit quand j'abandonne mes pensées, quand mes yeux se détachent de l'horizon, je prends conscience qu'il est toujours debout, raide. Je lui proposerais bien de s'asseoir à coté de moi mais je n'ai pas trop comment il le prendrait. D'ailleurs il y a bien assez de place pour qu'il le fasse de lui-même s'il en a envie. Je crois surtout que ce dont il a envie c'est partir. Il s'amusait bien avec Guyapi et j'ai tout gâché en me plantant là sur ce banc. J'étais là avant.

Il me confirme ce que je pensais. C'est bien lui le petit Lenno qui s'isolait dans le cour de récré. Je me demande s'il regrette cette époque. Je me demande s'il est toujours aussi seul qu'à l'époque ou si les choses ont pris un autre tournant. Pour lui. Moi je suis toujours comme à l'époque, entre solitude et compagnie. Connaissances. Une binoclarde n'a pas d'amis. Merci Cami.

Je t'ai pas oublié...glissais-je pensivement avant de revenir à la réalité et de le regarder. Tu n'es plus seul aujourd'hui?

Je le fixe attentivement. Des pieds à la tête. Il a changé. Un peu. Il a toujours des cheveux terriblement blonds. Je ne m'en étais jamais rendue compte. Enfin si, je savais qu'il avait les cheveux blonds mais cela ne m'avais jamais surprise. A présent je m'interroge. Son père n'est pas un Cheyenne? C'est fou les souvenirs qu'on garde de l'enfance, j'étais persuadée que son papa venait de Blackfeet. A force de m'interroger je n'ai pas quitté ses cheveux du regard, je crois que j'ai été un peu impolie. Je baisse le regard, cherche quelque chose sur quoi le poser. Guyapi. Je l'attire vers moi d'un geste de la main et le caresse tendrement. Avec les chiens il y a la franchise mais il y a aussi la liberté. Jamais je ne me sentirais mal à l'aise avec eux. Je peux les fixer trois minutes sans craindre des reproches. Un chien peut me fixer trois minutes...je pense que j'arriverais quand même à me poser des questions. On fait ce qu'on veut avec les animaux. Enfin presque. C'est bien.

J'adore les chevaux. Mais les chiens aussi.

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Il a envie de se cacher. Enfouit dans un trou de sourit. Ou, peut-être même de rentrer chez lui. Malgré les cris avec son père. Parce que là, pour le coup, il se sent bête, un peu idiot. Mais, surtout pas à sa place face à cette jeune femme. Jolie demoiselle à qui il n’a jamais parlé. Qu’il connait juste de vu. Doucement, il se mordille un peu la lèvre, ne sachant pas trop quoi faire. N’osant même pas s’asseoir à ses côtés. Parce que finalement…il n’a pas très envie de rester ici. Avec elle. Parce qu’il se sent gêné, idiot.

« Oh… » Oui, juste ça. Quand elle lui demande s’il est encore seul. Seul. Toute sa vie il a été seul. Seul à cause de sa différence. Seul à cause de sa vie en fait. Il n’aurait pas été ainsi, il n’y aurait pas eu cette histoire, il n’aurait pas été seul. Mais, peut-être n’aurait-il pas existé ? Peut-être. Mais, parfois, il a cette envie. De ne pas exister. Car, il a eu mal. Mal depuis son enfance, mal même maintenant. Mal du rejet. Mal de son corps qui bug un peu. Doucement, il inspira un peu d’air dans ses poumons, profondément. Alors qu’il se rendait doucement compte qu’elle était en train de le fixer. Trop. Trop longuement. Elle fixait ses cheveux, peut-être même ses yeux ? Trop blonds, trop bleus et la peau trop pâle. Juste un intrus parmi ces gens. Un intrus qui pourtant porte leurs croyances, leurs noms.

Et, ça le mettait en colère. Qu’elle le fixe de la sorte. Il avait, à nouveau, l’impression d’être dévisagé. L’impression d’être qu’un monstre, l’intrus de la liste. Alors, malgré lui, parce qu’il était comme ça, trop haineux, trop coléreux, il se recula d’un pas. Son visage se fermant bien plus. N’écoutant même pas ses autres mots. Il avait peur de tout et de rien. Peur de se faire à nouveau juger. Et peut-être qu’il avait tort, peut-être qu’elle ne pensait rien en le fixant mais, il en avait trop vu des regards. Il en avait trop vu…

« Arrête de me fixer comme ça ! » Froide, cassante. Elle avait claqué comme une gifle, sa voix. Elle avait claqué alors qu'il continuait de se reculer un peu, le regard devenu un peu plus distant. « Et qu'est-ce que ça peut te foutre que je sois seul ?! » Étalon sauvage, il n'était pas prêt à se faire d'autres amis, il n'était pas prêt à ce qu'on le caresse dans le sens des poils.

Il la rejetait. Comme il avait pu le faire des années avant. Il la rejetait avec ce regard de bête traquée. Il avait tellement eu mal dans son enfance. Tellement, qu'il n'était pas encore prêt, non...

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Lenno & Kaya.

J'ai fait une erreur. Je m'en suis bien rendue compte. Plus l'habitude. Plus le tact. Je dois passer trop de temps à parler à mon chien, à mes chevaux, aux esprits. J'ai plus souvent la compagnie d'animaux ou d'illusions que d'êtres humains. Alors je n'ai plus l'habitude. Plus le tact qu'on se doit d'avoir pour ne vexer personne. Etre naturel ça ne convient jamais à personne. Il faut jouer. Faire attention au moindre mot, au moindre geste. Je fixe Guyapi d'une façon que je sais on ne peut moins naturelle mais je ne sais guère où poser mon regard. Et Lenno s'emporte. Sa voix est cassante, sèche, froide, lointaine. Comme lui qui recule à petits pas. Je l'ai fait fuir. Je fixe mon chien et serre les dents. Me mord l'intérieur des joues. Serre les mains sur le bord du banc jusqu'à faire blanchir mes articulations. J'ai envie de partir en courant. J'ai envie de crier, de pleurer peut-être. Mais rien de tout cela n'est envisageable. Alors je serre les dents. Maintenant qu'il s'est tût et qu'un silence lourd s'est installé je sais que c'est à moi d'intervenir. A moi de briser ce silence qui fait pourtant beaucoup moins de mal que les mots. Je lève les yeux et les pose sur lui qui a bien reculé de trois mètres maintenant.

Je cherchais juste à être gentille. fis-je la voix posée bien qu'un peu tremblante. J'ai horreur que l'on hausse le ton, que l'on se mette en colère. C'est pour ça que je pleurs souvent quand Cami me démonte littéralement. Pas qu'il me blesse avec ses insultes. Juste que je ne supporte pas les disputes. Que ce soit avec des gens auxquels je tiens ou avec de stricts inconnus. Que j'y sois mêlée ou non. J'inspire un long moment. Je voulais savoir si les choses avaient changés pour toi. Je prenais de tes nouvelles. Je me tais. Je me demande ce que je pourrais lui dire pour justifier mon regard insistant sur ses cheveux. J'ai croisé son regard et ses yeux infiniment bleus pourraient s'ajouter à la liste de mes questions. Mais je commence à comprendre que c'est ce qui le pousse à s'isoler. Sa différence. Et quoi que je dise il sera persuadé qu'elle me gêne. Ce n'est pourtant pas le cas. Mais je sais qu'on est incapable d'accorder sa confiance quand on a trop souffert. J'ai cru que ce serait un comportement civilisé après dix ans de sans s'être vus. De prendre des nouvelles je veux dire. Je m'excuse.

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Il ne savait pas quoi faire, quoi dire. Parce qu’il s’était braqué. Parce que sa carapace était revenue, lui, l’animal traqué. Qui n’arrive pas à accepter le regard des autres. Oui, il s’était reculé. Et, s’en était surement finit. Il n’y arriverait plus. Plus maintenant, même si elle n’avait pas fait exprès. Même si elle ne voulait pas le braquer ou le vexer. Il n’était pas capable. De voir les regards, de les sentir. Alors, il était là, un peu con. Un peu idiot, à la regarder de loin. A l’écouter. S’excuser, parler.

Et, il sait qu'elle a raison. Il le sait mais... Il n'en est pas capable. De sourire et de lui dire, je vais bien, je ne suis plus seul. Parce que l'un comme l'autre c'est faux. Et, surtout, c'est qu'elle ne s'excuse pas pour l'avoir fixé, non, mais pour lui avoir demandé des nouvelles. Et en soit c'est surement ce qui le braque encore plus. Il ne peut pas. Il ne le supporte plus. Alors, doucement, il se recule encore. Un peu con, un peu idiot. « Désolé, mais...je vais rentrer. » Parce qu'il est solitaire, surement un peu trop. Parce qu'il n'est pas capable de s'ouvrir comme ça, pour ça. Il accepte déjà Cami et quelques autres personnes. Et c'est déjà bien assez. Et c'est déjà bien trop. Parce qu'il a toujours été seul. Depuis sa naissance. Seul dans le noir. Sans les bras d'une mère. Seul dans la cour, à regarder les autres jouer. A se faire embêter. Oui, seul. Toujours seul. Pour ne pas voir les regards, pour ne pas souffrir encore plus. Alors, finalement, il serait mieux ailleurs. Mieux chez lui. Loin d'elle. Loin de sa gentillesse ? Politesse ?

« Passe une bonne aprem. » Et il se retourne, après lui avoir lancé un dernier regard trop bleu. Pour fuir. Comme il l’a toujours fait finalement. Non, il n’est pas lâche, il n’est juste plus capable. Alors, il s’en va. Abandonnant le petit chien. Abandonnant la petite fille. Pour aller ailleurs. Quelque part il ne sait où. Il n’y arrivera pas. A s’ouvrir. Il n’en est pas capable…

Chants : 776 Arrivé(e) le : 20/07/2014 Avatar : Kaya Scodelario Age : 26

Lenno & Kaya.

D'accord. Je comprends. Je crois. C'est une réponse que je fourni naturellement mais je commence à douter finalement. Je comprends qu'il ait envie d'être seul, bien entendu. Peut-être même ais-je envie qu'il parte. On retrouverait tous deux notre solitude plaisante. Seulement je crois pas que je comprenne qu'il ne cherche pas à faire d'efforts. Si le destin l'a poussé jusqu'ici il y a peut-être une raison, pas vrai? C'est rare que Guyapi s'aventure seul loin de la maison et là il s'est éloigné de moi sans crier gare pour me ramener Lenno. Je crois que les esprits veulent juste qu'on fasse des efforts tous les deux. Ou peut-être que je me trompe et que je suis juste en train de me chercher une motivation. Une motivation pour le retenir parce que je veux rencontrer des gens. Je le veux mais, surtout, j'en ai besoin. Après tout, j'étais justement en train de me dire que je devrais faire des efforts et apprendre la sociabilité quand on me sert une vieille connaissance sur un plateau. Je crois qu'on doit en profiter. Lenno me souhaite une bonne après-midi et se retourne. Guyapi me jette un drôle de regard et jappe doucement. Je dois certainement voir des signes partout mais je suis comme ça, je crois dur comme faire en les esprits et je crois sincèrement qu'ils nous guident au quotidien. Et là, qu'il s’agisse d'un esprit en mon chien ou de mon chien en personne, on me demande de retenir le garçon seul au fond de la cour de récré. Le jeune homme seul dans les bois. Tu devrais peut-être pas partir...Enfin, tu fais ce que tu veux, bien entendu mais tu devrais pas. Faire vraiment ce que tu as envie je veux dire. Donc partir. Je m'embrouille. Rougis. Me perds. Je préférerais aussi que tu partes. Seulement je crois que ça ne fait pas vraiment du bien d'être tout le temps seul...Après si tu vas rejoindre quelqu'un vas-y mais sinon, tu pourrais rester. J'ai l'impression que ce que je dis n'a pas le moindre sens. J’enchaîne des mots en cherchant à exprimer oralement les pensées qui sont pourtant si claires dans ma tête. Je ne sais pas m’exprimer parce que je suis timide et que je suis rarement à l'aise lorsqu'il s'agit de prendre la parole mais, dans cette situation précise, la crainte de le vexer une fois de plus me hante. Le fait qu'il se vexe et me déteste n'est pas un drame, bien entendu, on ne s'est jamais véritablement apprécié. Seulement je vois trop de monde se retourner contre moi ces derniers temps alors si on pouvait au moins se séparer en termes plus ou moins neutres, je serais contente. Un peu.

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